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La Halle

1895-1900 : le seul personnage descendant la Grande-Rue doit être l'abbé Yves Marie Nicolas, alors curé de Champlemy

1907-1910 : la maison actuelle des Marchand a changé d'aspect : le toit a été refait, de nouvelles cheminées et des "chiens assis" apparaissent tandis qu'une fenêtre supplémentaire a été percée à l'étage. 

Le déroulement des grands et moyens projets en France, et certainement un peu partout dans le monde, s'étale en général sur plusieurs années, voire parfois sur des dizaine d'années tant les temps de "gestation" réflexive sont souvent forts longs ; il est de plus, la plupart du temps, ponctué d'intrigues menées par les intérêts particuliers ou les rivalités politiques, les dépassements de crédits quasi-incontournables, les malfaçons à reprendre, etc.


La construction de la halle de Champlemy ne faillira pas à la règle : après un temps de mise en train très important pour un projet somme toute restant à la portée de la commune entre 1840 et 1860 ; il faudra attendre quinze ans pour voir le commencement des travaux et sept de plus pour en arriver à la recette définitive. Elle se déroula sur fond de polémique incessant tant sur le plan local que départemental.


La halle abritera le centre de secours des sapeurs pompiers de 1953 jusqu’à 1988, année de l’inauguration du nouveau centre route de Varzy. 

Le 4 août 1841 se réunit le conseil municipal sous la présidence de Jean Félix Roumieux qui pris la décision de démolir l’ancienne halle de Champlemy. En effet, celle-ci obstrue alors en grande partie la route royale n°77 et occupe une surface imposante de la place du bourg. Cette halle appartient alors au Duc de Lorge, propriétaire de la terre de Champlemy, lequel, sollicité par les gouvernants de l’époque est d’accord pour cette démolition. Le conseil estime alors que la halle ne sert aux jours de foire qu’aux marchands ambulants dont le nombre diminue de manière sensible. En outre, son revenu ne profiterai qu’au Duc de Lorge, le terrain ne rapportant rien à la commune et, placé en haut du champ de foire, est très restreint et suffit à peine à placer les bestiaux.

 La Grande Rue grouillante d'activité durant une foire aux Chevaux

Trois endroits se trouvent en lice pour la construction de la nouvelle halle : la maison Dardenne située près de l’école, la maison Pic située en lieu et place de la halle actuelle, la maison Lyon excentrée du bourg. 


Mais il faut attendre quinze ans avant que la situation n’évolue, la faute à plusieurs raisons. Ainsi la mésentente, le manque de coordination et l’absence de véritable volonté politique des conseils municipaux de se lancer dans une entreprise à long terme et onéreuse est un véritable frein au projet. A cela s’ajoute également le manque de fonds et de main d’œuvre disponibles, qui sont prioritairement mobilisés pour la construction de la route, mais aussi la situation politique nationale de l’époque, peu propice aux projets nouveaux car martelée par la révolution en 1848, en 1851 le coup d’état et la répression qui s’en suivit ( Dardenne, notaire de la ville, fut l’une des 18 personnes de la ville arrêtées puis souvent déportées ), et enfin l’avènement de l’Empire autoritaire en 1852.


L’été 1858 est décidée l’acquisition de la maison Picq afin d’y construire à la place la nouvelle halle. 

Pour plus d'informations concernant le marché, le Cahier des charges et le devis mis en place pour la construction de la Halle, je vous invite à consulter le dossier très complet réalisé par Jean-Claude Orville sur le sujet, où il a regroupé nombre de documents à ce propos.


Le 30 mars 1861, après ouverture et dépouillement des offres c'est à Louis Allary, entrepreneur à Champlemy, qu'il est attribué la tâche de construire la halle. 

Un extrait de la nombreuse documentation qui illustre la réalisation de la halle.

Le 14 Novembre 1861, Louis Allary, entrepreneur des travaux de la halle, donc, adresse une lettre au conseil où il remet en cause l'emploi des pierres de tailles pour la construction des arcades extérieur. La pierre initialement prévue devait provenir des carrières de Champlemy ou de Vassy, mais leur grain éclate sous le marteau et ne prête pas à l'exécution de moulures de faibles dimensions. On préfère donc la pierre de Corvol d'Embernard, plus compacte et résistante. En février 62 on décide également de remplacer la brique prévue pour la construction de la tour de halle de la pierre de taille plus durable. 


S'ensuivent des complications qui échauffent les esprits du conseil, de la préfecture, de l'architecte et de l'entrepreneur à propos du non respect du devis initial : on veut élargir les dimensions prévues, ce qui risque d'entraîner un conflit avec les maisons voisines et de nouvelles dépenses, déjà engagées avec le remplacement des briques par des pierres de taille. Un nouveau devis est alors rédigé en juillet 1862.
Au mois de mai 1863, le travail est figé : un rapport de l'architecte permet de constater qu'une fois de plus  aucun ouvrier ne se trouve sur le chantier, et ce malgré les nombreuses lettres de mise en demeure adressées à Allary. Les travaux auraient dû être terminés en janvier 1862 mais bien sûr des travaux supplémentaires sont intervenus entre temps : un délai complémentaire d'un an est accordé. 


Allary se trouve en bien fâcheuse posture puisqu'il n'arrive pas à tenir ses engagements du début, trop ambitieux puisqu'il avait sous-estimé les dépenses à réaliser pour la construction. En accord avec le préfet, le maire de Champlemy lance une autre procédure de facturation, fondée sur le nombre d'heures de main-d'oeuvre et le remboursement strict du prix des matériaux ; en résumé : pas de travail, pas d'argent !
On peut considérer que le gros oeuvre était bien avancé était bien avancé au 1er mai 1864 puisque les portes de la halle et les sculptures sont notifiées à cette date. 

Quelques détails du bâtiments : 

 "F" pour "République Française". Vestige restant d'un 14 juillet lointain ? Les pitons de la fixation du "R" restent encore visibles en haut à gauche de l'entrée de la halle. 

L'Horloge : 
Le marché a été notifié aux établissements Borrel de Paris le 3 août 1867. Elle comporte, conformément au marché de 1865, deux cadrans et sonne les demis et les heures comme toute bonne "comtoise" qui se respecte. Sur chaque cadran, le nom de "Milot" est inscrit : il s'agit d'un horloger de Varzy qui servit d'intermédiaire dans la transaction entre Borrel et la commune. L'entretien en était assuré, jusqu'à récemment, par Henry Marchand depuis 1977. 

Ci-dessus, quelques vues de son mécanisme

Je vous laisse sur ces quelques photos de la halle dans son ensemble :

Bibliographie :

Jean-Claude Orville, Vieilles demeures, édifices et Noblesse en Nivernais : La Halle de Champlemy

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